Le rôle controversé des gestionnaires de prestations en oncologie

Nous vivons une période remarquable pour le traitement du cancer, où un diagnostic ne vient plus perturber la vie et le travail des patients. Contrairement à il y a quelques années, un diagnostic de cancer avancé n’est plus une condamnation à mort pour beaucoup de personnes. Aujourd’hui, la plupart des patients diagnostiqués avec un cancer peuvent le traiter comme une maladie chronique, tout comme l’hypertension et le diabète. Les patients en traitement contre le cancer peuvent aller travailler, récupérer leurs enfants après l’entraînement de soccer et dîner en famille. Cela est en grande partie dû aux médicaments anticancéreux oraux, qui permettent à de nombreux patients atteints de cancer de maintenir une routine normale et une bonne qualité de vie. Ces traitements sont en augmentation rapide : aujourd’hui, les médicaments anticancéreux oraux représentent 25 à 35% des thérapies contre le cancer en développement, un chiffre qui devrait atteindre 60% dans les prochaines années.

Alors que les gestionnaires de prestations en pharmacie (GPP) se sont intégrés verticalement – avec seulement trois organisations dominant 80% du marché des médicaments sur ordonnance – les patients atteints de cancer recevant un traitement par voie orale sont de plus en plus contraints de subir des processus d’approbation excessifs de la part des GPP et sont orientés vers des pharmacies appartenant aux GPP ou spécialisées dans les commandes par correspondance. Ces entreprises, dont beaucoup sont détenues par les plus grands assureurs santé ou les possèdent, veulent contrôler les traitements que les patients reçoivent, ainsi que le moment, la manière et l’endroit où ils les reçoivent. En tant que spécialiste du cancer du sein, j’ai été témoin de la manière dont ces intermédiaires s’interposent entre les patients et les médecins grâce à un système opaque d’autorisations, de barrières et de frais qui retardent l’accès des patients à des traitements salvateurs.

Heureusement, les efforts bipartisans du Congrès mettent en lumière le comportement des GPP. En fait, la réforme des GPP est si populaire que le sénateur Bill Cassidy, MD (R.-La.) et le sénateur Bernie Sanders (I.-Vt.), qui sont d’opinions opposées sur de nombreux problèmes, travaillent ensemble pour faire adopter la loi sur la réforme des gestionnaires de prestations en pharmacie (S. 1339), qui interdirait l’utilisation par les GPP de certaines tactiques prédatrices, notamment l’écart de prix et les frais de récupération. Avec un large soutien bipartisan, il est maintenant temps d’accroître la surveillance et la transparence de ces intermédiaires.

Le cancer et les autres maladies ne connaissent pas de division politique. Il est grand temps que nous mettions fin aux comportements destructeurs des GPP afin que les patients puissent pleinement bénéficier des avantages des thérapies modernes contre le cancer.